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Titre du blog : Histoire générale de l'Afrique avec Moncef Mzabi
Auteur : moncefmzabi
Date de création : 28-06-2011
 
posté le 24-08-2011 à 10:57:41

L'intérêt croissant des Européens pour l'Afrique

Cet intérêt se manifesta d'abord par des expéditions entreprises pour obtenir des renseignements plus précis sur les principales caractéristiques géographiques de l'Afrique et sur les principaux produits de son agriculture et de son industrie. Le prétexte pour intervenir dans les affaires africaines fut fourni par les initiatives de la Grande-Bretagne, d'abord pour contenir l'expansionnisme, puis pour abolir la traite des esclaves. Les Français étaient déjà à Alexandrie et au Caire, en Egypte. Vers 1789, les Britanniques avaient fait de Freetown, où s'étaient installés des esclaves affranchis, une colonie de la Couronne. Ils s'emparèrent ensuite, en 1795, de la colonie hollandaise du cap de Bonne-Espérance. Les Français furent chassés d'Egypte et durent se rallier au mouvement abolitionniste, ce qui les incita à établir des bases et des comptoirs sur les côtes de l'Afrique occidentale.

La rivalité prolongée de l'Angleterre et de la France et la campagne visant à faire respecter l'interdiction d'exporter des esclaves d'Afrique furent à l'origine du déploiement des intérêts européens et américains en Afrique, mais il convient de ne pas exagérer l'ampleur de leur succès dans la première moitié du XIXème siècle. L'abolition de l'esclavage exigeait des visites régulières des navires des flottes rivales anglaise, française et américaine patrouillant en mer et s'efforçant d'instaurer un blocus. Il fallait donc établer des bases navales sur la côte. Cela encouragea l'implantation de commerçant désireux d'exploiter la transition de la traite des esclaves au "commerce légitime": négoce de l'huile de palme, de l'arachide, du caoutchouc, du clou de girofle, de l'ivoire et d'autres produits. Cela fournit aussi des possibilités aux missionnaires désireux de convertir non seulement les populations du littoral, mais davantage encore les populations plus nombreuses de l'intérieur.

Les Portugais présentèrent d'importantes revendications sur des territoires de l'Angola et du Mozambique, encouragés de temps à autre par les Britanniques, ne fût-ce que pour maintenir les Français à l'écart. Mais ils avaient beaucoup de difficultés à maintenir leurs forts sur la côte et à assurer la sécurité des liaisons avec les grandes exploitations (prazos) jadis créées par eux dans l'intérieur. Pendant la première moitié du XIXème siècle, leur commerce avec les populations de l'intérieur dut très largement tributaire des marchands mulâtres brésiliens (pombeiros) et du bon vouloir des chefs locaux.

Les Français avaient, après 1915, rétabli leurs comptoirs en Sénégambie, notamment à Saint-Louis et à Gorée, au large du futur port de Dakar. La tentative qu'ils firent de créer une colonie agricole dans l'intérieur fut un échec. S'étant enparés d'Alger en 1830, ils mirentensuite plus de 20ans à venir à bout de la résistance des Algériens commandés par l'amir 'Abd Al-Kâdir. Le programme de réinstallation d'esclaves libérés dans les villages d'agriculteurs aux environs de Freetown fut une réussite spectaculaire. Celle-ci fut imputable en grande partie au rôle des missionnaires allemends et britanniques qui firent office d'enseignants, de linguistes, d'organisateurs et de surveillants d'exploitations agricoles. L'expérience de Freetown fit des émules à une plus petite échelle en divers leiux: au Liberia avec les Américains, à Libreville avec lesFrançais et ç Freretown, près de Rabai en Afrique orientale, par les Britanniques. En essaimant vers d'autres villes du littoral comme Bathurst (actuelle Banjul), Cape Coast, Badagri, Lagos et au- delà, les Créoles de Freetown contribuèrent à élargir l'implantation des missionnaires et des commerçants britanniques.

L'influence des missions s'étendait également en Afrique du Sud, maid les efforts visant à développer l'économie n'eurent pas le même succès. Les fermiers boers continuaient à en vouloir aux Britanniques, en particulier parce que ceux-ci avaient aboli l'esclavage et cherchaient à réglementer leurs relations avec les Africains. Les Boers rebelles entreprirent leur "trek" vers l'intérieur à la faveur du Mfecane, mais ne réussirent qu'à entraîner à leur suite l'administration britannique. Ainsi, jusqu'en 1850, l'Afrique du Sud resta une colonie de cultivateurs pauvres, britanniques et boers, répartis en petit nombre sur le territoire d'Etats africains où des administrateurs coloniaux britanniques jouaient le rôle d'arbitres partisans. La découverte d'or et de diamants et les perspectives d'une économie industrielle étaient encore dans les limbes. De même, le mouvement missionnaire ne devint un facteur majeur de changement en Afrique que dans la deuxième moitié du XIXème siècle. La congrégation des Pères du Saint-Esprit fut fondée en 1847 et cette des Pères Blancs en 1863. En 1850, David Livingstone en était encore à sa première expédition missionnaire.

Dans la première moitié du XIXème siècle, l'influence des commerçants européens s'étendit plus rapidement et sur des territoires plus vastes que cell des missionnaires. Cela tient au fait que le commerce des denrées agricoles et autres produits exercé par les Européens au XIXème siècle, désigné d'ordinaire sous le nom de commerce légal, était né de la traite des exclaves au siècle précédent. Les Danois et les Hollandais poursuivirent leur commerce remontant à l'époque de la traite et ne quittèrent la scène que plus tard: lorsque les premiers vendirent leur fort d'Accra en 1850 et que les seconds cédèrent le château d'Elmina en 1871. Le nouveau commerce avair une structure sociale de certains des Etats côtiers. Le nouveau commerce, l'inflence des missionnaires et l'éducation occidantale, en particulier chez les esxlaves affrancis et réinstallés, prodiusaient une élite nouvelle. Certains, qui avaient amassé des fortunes importantes, voulaient leur part du pouvoir politique. Cela n'entraîna cependant pas de grands bouleversments dans les structures sociales ni de rupture totale avec le passé parce que ces gens devaient en général faire usage de leur richesse pour acquérir les titres de chefs traditionnels grâce auxquels ils pouvaient avoir accès au pouvoir politique.

Autrement dit, l'expansion du commerce européen fut tributaire des modalités préexistante du commerce intérieur. Celles-ci dépendaient moins de stimulants externes que de facteurs propres aux sociétés africaines tels que le système de production agricole, d'artisanat et de manufacture. Le commerce extérieur était important pour certains souverains qui voyaient en lui le principal moyen de se procurer des armes à feu. Pendant la première moitié du XIXème siècle, le commerce extérieur ne tint qu'une place secondaire dans la vie de la majrité des Africains. Ainsi, malgré le développement de ce commece, c'est à l'agriculture que les peuples africains consacraient avant tout leurs énergies.